Poésie Michel Deguy

Publié le par elodie Ker

Michel Deguy, Donnant donnant, éd. Poésie /Gallimard

 

Donnant donnant, ce n’est pas seulement une formule politique c’est aussi et avant tout, le titre d’un recueil de poèmes écrit par Michel Deguy et publié par les éditions Poésie /Gallimard. Né en 1930 à Paris, Michel Deguy est professeur à  l’université Paris 8. Il a également présidé le Collège International de Philosophie de 1989 à 1992 et la Maison des Ecrivains de 1992 à 1998. Actuellement, il est rédacteur en chef de la revue po&sie (Belin), membre du comité de la revue Les Temps modernes. Après les prix Fénéon, Max Jacob et Mallarmé, il a reçu le Grand Prix national de poésie en 1989 et, pour la revue Po&sie, le prix de l’Encyclopaedia Universalis. Par ailleurs, il est aussi le traducteur de Heidegger et de Paul Celan. Il a édité des essais et son travail a fait l’objet de nombreuses études.

 

Concernant son œuvre, sa richesse et son importance rendent impossible toute tentative de liste exhaustive. Son premier ouvrage, Les Meurtrières, date de 1959. Depuis il n’a pas cessé d’être publié. Neuf de ses recueils sortis chez Gallimard entre 1960 et 1980 sont réunis dans le livre que les éditions Poésie /Gallimard donnent à lire aujourd’hui sous le titre Donnant donnant : Fragments du cadastre (1960), Poèmes de la presqu’île (1962), Biefs (1964), Ouï dire (1966), Actes (1966), Figurations (1969), Tombeau de Du Bellay (1973), Jumelages (1978) et Donnant Donnant (1981). L’ensemble est préfacé par Michel Deguy en personne. Pour mieux cerner le style de l’homme mieux vaut avoir un aperçu poétique. Le poème « Les Yeux » extrait de Poèmes de la presqu’île page 52 permet d’en rendre compte :

 

Cri de corbeau des yeux qu’enfoncent les poings en deuil :
Le même bruit sous les paupières closes, où le même hiver pâle attend
Tes yeux longeaient mes yeux ; ils rampaient jusqu’aux miens
Cherchant la mire invisible où j’eusse aimé paraître
Puis tes yeux se cabraient
La bête agile des prunelles, toute la violence de l’autre espèce qui s’y résume ; mais les yeux encerclés de mémoire, rapides comme l’oiseau, les yeux sont retenus captifs aux menottes des os
Cri de corbeau le même cri sous les paupières closes où le pâle hiver de mémoire sommeille    

 

L’écriture de Michel Deguy est extrêmement imagée et libre : rien n’est interdit et les limites, les règles sont dépassées. Cela peut être parfois un peu déroutant car les tableaux, les scènes qu’il met en poème avec des musiques verbales très diverses nous donnent l’impression d’entrer dans un univers un peu surréaliste, irréel où toutes les associations d’images sont permises. Les mots sont liés entre eux par un fil impalpable qui dépasse la simple notion de sens. Le langage ressemble à celui de l’inconscient. Cette sensation varie toutefois en fonction des poèmes. En effet, chacun d’eux représente une composition originale, unique. En d’autres termes, le livre de Michel Deguy, Donnant donnant, rassemblant ses poèmes publiés chez Gallimard entre 1960 et 1980 et édité dans la collection Poésie / Gallimard permet une expérience poétique et musicale intéressante, quoique réservée aux amateurs de poésie : elle peut effectivement s’avérer déconcertante pour les non initiés.

 

Elodie, le 4 juin 2007

 

Publié dans lecturesdelatoile

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