Roman Marc Vilrouge

Publié le par elodie Ker

Roman : Marc Vilrouge, Le Livre impossible, éd. Le Dilettante, 12€

Vous souvenez-vous de Reproduction non autorisée et de La Peau fantôme publiés aux éditions le Dilettante en 2004 et 2005 ? S’ils vous ont enchantés, sachez que l’auteur de ces deux romans, Marc Vilrouge, récidive avec un ouvrage édité par la même maison, Le Livre impossible. Le héros Flavien devait avoir une belle destinée, glorieuse. Ses parents avaient fait le nécessaire, l’ont poussé encore et toujours dans ses études pour qu’il ait une bonne situation. Il est d’ailleurs devenu Conseiller à l’Assemblée nationale. Tout devait aller bien. Le problème c’est que cette vie dessinée par les parents ne correspondait pas véritablement à celle qu’aurait aimé leur progéniture. Alors Flavien, l’enfant qui a réussi aux yeux de ses géniteurs, démissionne, se perd, déambule dans les méandres de la drogue et de la dépression. Lui, qui parallèlement à son ancienne activité professionnelle écrivait des livres, ne parvient désormais plus à écrire. Il se détache peu à peu du monde sans que ses parents soient au courant. Il n’est pas question qu’ils le sachent ; Flavien ne veut pas les décevoir. Il ne peut pas non plus leur avouer son homosexualité. Ce serait blesser cette mère et ce père qui lui ont tout donné, qui se sont saignés pour qu’il monte les échelons de la société. Ces secrets sont à l’image de ceux qu’il cache au sein des livres qu’il écrit. Ils constituent Le Livre impossible comme indiqué P. 19 dans le chapitre 6 :

Ses parents ne peuvent pas comprendre que Flavien n’écrit et n’écrira toujours que des livres impossibles pour eux, même s’il veille – et c’est de plus en plus difficile avec le temps – à maîtriser sa plume comme on dose un poison.
Combien de temps réussira-t-il encore à contrôler ce venin de vérité, à jouer le chaud et le froid de la fiction pour protéger ses parents de ce livre impossible qu’il porte en lui ?
Sa main le démange, à chaque roman qui se succède, il fixe de nouvelles limités mais il peine vraiment à se retenir de commettre l’irréparable.    

La violence de ce livre impossible qu’il cache et qu’il peine à faire sortir, la douleur que cette situation lui inflige se retrouve dans une musique hachée, un style à vif, sans fioriture, succinct, bref et précis voire elliptique : les blancs sont des non-dits aussi forts que ce qui est dévoilé. Les chapitres sont très courts : ils ne dépassent pas deux pages. Ils nous font entrer dans l’atmosphère d’un instant, dans le labyrinthe des pensées tortueuses de Flavien à un moment donné avant de nous éjecter puis de nous propulser dans une autre tempête, un autre moment. Enfin, le double je(u) du personnage, celui du paraître devant ses parents et celui qui de l’être, celui qui se perd, est palpable grâce à la double vision que le narrateur donne au lecteur : en effet, les actions de Flavien sont décrites à la troisième personne du singulier alors qu’il est permis d’entrer dans l’intimité, les doutes, les déchirures et les contradictions du personnage, comme si le roman était raconté à la première personne. En bref, avec Le Livre impossible publié aux éditions Le Dilettante, Marc Vilrouge nous a encore offert un ouvrage impossible à manquer !

Elodie, le 28 mai 2007                

 

 

 

 

Publié dans lecturesdelatoile

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